Punaise de lit

17 mai 2024

Concernant les parties communes de l'immeuble

Lorsque l'immeuble est soumis au statut des immeubles bâtis en copropriété, il revient au syndic de procéder à l'opération de désinsectisation des parties communes. La dépense sera alors supportée par les copropriétaires au prorata des tantièmes. Le propriétaire devra notifier à son locataire un pro­cessus strict et rigoureux au moment de l'interven­tion. Le coût des produits utilisés pour le traitement pourra être récupéré sur les charges locatives en plus du loyer.

Concernant les parties privatives mises en location

Obligations et responsabilité du bailleur

L'article 1719 du Code civil édicte que le bailleur est obligé de délivrer au locataire un logement décent. De même, l'article 6 de la loi de 1989, modifié par la loi ELAN, impose également au bailleur de remettre au locataire un logement décent exempt de toute infestation d'espèces nuisibles et parasites et doit assurer au locataire une jouissance paisible.

La notice d'information obligatoirement annexée au bail d'habitation a été actualisée en ce sens par un arrêté du 16 février 2023.

Enfin, il convient de citer la réponse ministérielle publiée au JO du Sénat du 11 juillet 2019, qui affirme qu'en cas d'infestation de punaises de lit, le bailleur est dans l'obligation de supporter les frais de ladite désinsectisation.

Ainsi au regard des dispositions précitées, l'obli­gation d'éradication d'insectes nuisibles incombe au propriétaire bailleur. Il peut échapper à cette responsabilité s'il démontre que les insectes nui­sibles sont apparus par la faute, voire la négligence du preneur.

Obligations et responsabilité du locataire

L'article 7 d de la loi du 6 juillet 1989 impose au locataire d'assurer l'entretien de son logement. Cela inclut les traitements nécessaires à la prévention et au traitement des nuisibles, ainsi que le maintien du logement propre sans détritus, chauffé et aéré. Par ailleurs, l'article 7 c de la loi du 6 juillet 1989 impose au locataire de démontrer qu'il n'est pas res­ponsable des dégradations et pertes qui surviennent pendant la durée de la location à moins qu'il prouve qu'elles ont eu lieu par cas de force majeure, par la faute du bailleur ou par le fait d'un tiers qu'il n'a pas introduit dans les lieux.

De plus, la notice d'information obligatoirement annexée au bail d'habitation rappelle les obliga­tions du locataire à savoir adopter les gestes simples recommandés pour traiter et endiguer l'infestation et à contacter immédiatement le bailleur.

L'appréciation des tribunaux

L'attribution de la charge de la preuve, ainsi que la preuve elle-même sont des sujets extrêmement sensibles. Les punaises de lit peuvent se développer alors même que le locataire entretient parfaitement son logement : il n'existe pas de corrélation entre saleté et punaise de lit. Plusieurs décisions sont venues tant condamner le rôle actif du locataire dans l'infestation de punaises de lit que le bailleur. De plus et, dans la mesure où il est impossible de savoir comment les punaises de lits sont entrées dans l'immeuble, on pourrait appliquer les règles générales de la charge de la preuve en matière civile. L'article 1353 du code civil édicte ;« Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la prouver. "

Jugements ayant retenu la responsabilité du locataire

Le contrat de bail transfère la garde juridique de l'appartement au locataire qui en est responsable. En effet, c'est la conclusion d'un arrêt de la Cour d'appel de Chambéry en date du 31 janvier 2017 où le juge avait constaté que les locataires étaient dans les lieux depuis 3 ans, et que les autres appar­tements n'étaient pas infestés. Dès lors la présence de punaises de lit dans les lieux résultait d'une cause étrangère au bailleur rendant inapplicable l'article 1719 du code civil. Cette infestation était imprévisible, extérieure à l'appartement et irrésis­tible pour le propriétaire car il n’était pas en mesure de la prévenir.

Un autre arrêt de la Cour d'appel de Chambéry du 28 octobre 2010 a imputé le coût de la désinsecti­sation de l'appartement à un locataire en raison de l'état de saleté résultant de l'insouciance du preneur. Le juge avait considéré que l'état de l'appartement et la désinvolture du locataire étaient suffisants pour prouver l'origine du problème extérieur à l'état de l'appartement en lui-même.

Si l'infestation se produit après un certain temps, le locataire devrait prendre en charge la désinsec­tisation sauf à ce qu'il prouve qu'il n'est pas respon­sable. Il devra alors démontrer - par des photos, des témoignages, constat d'huissier etc. - que l'ap­partement était infesté et que la contamination n'est pas de son fait.